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UN REGARD REMPLI D'AMOUR
Ce n’est pas toujours facile de parler de soi-même, de sa famille, de gens que l’on aime au risque d’être trop long ou d’oublier des choses importantes. Mais pour ce premier journal, j’ai envie de vous offrir quelques réflexions sur ce que représente l’association et ceux qui m’ont aimée, qui m’ont aidée.
Je suis née, il y a 32 ans, la troisième de 4 enfants, la deuxième à ne pas être entrée dans le moule habituel dit «normal» où l’on est censé avoir une tête, deux bras et deux jambes. Au lieu de cela : 2 petites mains complètes rattachées directement aux épaules, 2 jambes déhanchées, une tête frisée...et un joli sourire ! et j’ai eu de la chance : des parents qui m’ont aimée très fort et qui m’ont aidée à grandir dans la protection et les rivalités fraternelles, et des rencontres qui m’ont aidée à garder le sourire.
C’est à l’Institut National de Réadaptation de St Maurice, qu’à 6 ans, j’ai rencontré Denise LEGRIX. Une jolie femme, coquette, douce et droite sur sa chaise qui m’embrassait et que j’appelais Marraine. C’est en rencontrant d’autres enfants dans leur différence que j’ai pris le chemin de la vie.
J’ai eu plusieurs familles : mes parents, le sport (natation handisport), Dysmélia (association similaire en Belgique) et bien sûr l’ANEEAD ou association Denise LEGRIX. Ces familles m’ont permis d’avoir un équilibre entre la nécessité et l’envie de m’intégrer au sein de la société dite de «gens normaux» et le plaisir de rester soi avec tous ceux qui sont différents.
Bien sûr, j’ai et j’aurai toujours des moments de révolte, de doute, des coups de colère, des crises de larmes, du désespoir, des échecs. Mais ce qui m’aide à les surmonter, c’est la certitude que la vie, ce n’est pas d’avoir c’est tout simplement d’être quelqu’un.
Et je suis Valérie, entière (et ceux qui me connaissent ne me contrediront pas !) grâce à votre regard rempli d’amour...
Merci.
Valérie GENTY
Janvier 1998.